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Naissance de la ligne Maginot par J. L. GOBY La France sort très affaiblie de la guerre de 14-18. Elle a subi proportionnellement les pertes les plus élevées en vies humaines ; la partie septentrionale de son territoire est dévastée. Malgré cela, elle demeure la première puissance militaire sur le continent. L’Union sacrée imposée par la guerre se désagrège dès la fin de 1918 lorsqu’il s’agit de déterminer les garanties que le futur traité de paix devra comporter pour assurer notre sécurité et de fixer la doctrine militaire pour l’avenir. Le gouvernement renonce à mener une politique rhénane ambitieuse et active : CLEMENCEAU, Président du Conseil et Ministre de la Guerre, accepte pour la France le retour à la frontière de 1870 comme frontière politique et militaire avec, en contrepartie, la promesse d’assistance des alliés, en cas d’agression non provoquée de l’Allemagne. De même, les responsables politiques refusent de suivre les militaires lorsque ceux-ci envisagent de reconstituer une armée du temps de paix, moderne et puissante, effectivement capable de garantir l’exécution du traité de paix. Aussi, dans le débat sur la stratégie qui s’ouvre après la guerre, les conceptions défensives vont-elles rapidement prendre le dessus, et la France, bien que victorieuse, se détermine comme en 1871 pour la fortification de ses frontières. Le système défensif français en 1940 est le produit d’une genèse longue et difficile qui s’articule en trois périodes :
- de 1918 à 1922, les responsables politiques et militaires s’orientent, en dépit de l’opposition d’une partie de ces derniers, vers une stratégie essentiellement défensive ;
- de 1922 à 1929, on assiste à la conception du système fortifié ;
- enfin, de 1929 à 1936, on passe à la réalisation de l’organisation projetée ; entre 1935 et 1940 s’y ajoutent des travaux d’extension et de complément.
I – LE CHOIX DE LA DEFENSIVE : 1918 – 1922 Au lendemain de l’Armistice, le Haut-Commandement se concentre sur une double tâche : démobiliser en reconstituant l’armée du temps de paix et en définir la doctrine d’emploi dans l’hypothèse d’un conflit futur.
I – 1. Les études du Grand Quartier Général et le problème de la sûreté de Novembre 1918 à Juin 1919
En décembre 1918 CLEMENCEAU demande au Maréchal PETAIN, Commandant en Chef des Armées françaises de l’Est, de lui établir un projet de réorganisation de l’Armée du temps de paix pour qu’elle puisse répondre aux exigences de la guerre future. Le Maréchal lance un programme d’études dès 1919. On y trouve des idées très novatrices sur l’armement de l’avenir, en particulier sur les chars. Mais ces projets ne rencontrent aucun écho dans les sphères politiques. En revanche, les études sur la future organisation défensive des frontières, qui paraissent en avril 1919, sont les premières d’une longue série qui aboutit, en 1929, à l’établissement d’un puissant système de fortifications sur nos frontières du Nord-Est et du Sud-Est. Comme la restitution de l’Alsace-Lorraine est acquise d’après les clauses de la convention d’armistice, tout l’intérêt, hormis la question des réparations, se porte sur le statut futur de la Rhénanie et sur les conditions à inscrire dans le traité de paix pour garantir notre sécurité. Les études du Grand Quartier Général montrent les divisions du Haut-Commandement au sujet de la situation respective des frontières militaires de l’Allemagne et de la France.
I – 1.1 La « Garde au Rhin »
Les partisans de cette thèse s’inspirent des idées du Maréchal FOCH, Commandant en Chef des Armées Alliées. FOCH déclare en mars 1919 : « Si nous ne tenons pas le Rhin d’une façon permanente, c’est une bataille à notable infériorité numérique, sans obstacle naturel pour la rendre plus facile, qu’il nous faudra supporter dans les plaines de Belgique. C’est de nouveau la Belgique et la France transformées en champs de bataille, en champs de défaite ; c’est bientôt l’ennemi atteignant les côtes d’Ostende et de Calais, les mêmes pays ravagés une fois de plus ». Pour eux, la Belgique et la France doivent tenir durant le temps nécessaire à la mobilisation de leurs alliés anglais et américain en faisant face à un pays de plus de 60 millions d’habitants. A cet égard le report de la frontière militaire de la France au Rhin leur apparaît comme un moyen de rétablir l’équilibre des forces en même temps qu’il nous dispense de l’écrasante charge financière que représente la fortification de notre frontière politique ouverte.
FOCH estime d’ailleurs que la défense du territoire ne peut être assurée que par la manœuvre des Armées et que le plan de Guerre doit consister à porter la guerre en territoire ennemi. Il condense ainsi sa pensée : « Entre Paris et Berlin le débat est sur le Rhin ; celui des deux adversaires qui a le Rhin dominera toujours l’autre ».
I – 1.2 La « Course au Rhin »
Cette seconde hypothèse stratégique examinée par le Grand Quartier Général repose, d’une part, sur le retour pour la France à la frontière de 1870 comme frontière politique et militaire et d’autre part, sur le report de la frontière militaire de l’Allemagne au Rhin.
Le plan de guerre demeure offensif aussi bien dans la « Garde » que dans la « Course » au Rhin. Dans les deux cas on couvre le territoire national par la manœuvre offensive des armées mobilisées en territoire ennemi. Mais cette unité de doctrine n’est qu’apparente. En réalité la « Garde » et la « Course » au Rhin procèdent de deux visions stratégiques très différentes.
FOCH, suivi par les Généraux MANGIN et GUILLAUMAT, se range dans le camps des « offensifs ». Le problème de la sécurité de la France lui apparaît comme intimement lié au contenu des clauses militaires à faire admettre par les signataires du traité de paix. A ses yeux, le point le plus important est de faire du Rhin la frontière militaire de la France. Elle nous donne en cas de conflit une excellente base de départ pour toute action offensive en direction du centre de l’Allemagne tout en nous garantissant contre une invasion.
En revanche, les « défensifs » où l’on retrouve PETAIN et le Général BUAT, Chef d’Etat Major Général de l’Armée, ne conçoivent plus le Rhin comme une base de départ, mais comme une ligne de couverture de la frontière politique que l’on envisage de fortifier pour prévenir une attaque brusquée.
I – 2. Du traité de paix à la création de la Commission de Défense du Territoire de Juin 1919 à Mai 1922
I – 2.1 Les conséquences du traité de paix
Le sort de la question rhénane est définitivement scellé le 28 juin 1919 avec la signature du Traité de Versailles. Sur le plan militaire, la clause la plus importante est la fixation de la frontière militaire de l’Allemagne sur une ligne située à 50 km à l’Est du Rhin, et le retour, pour la France, à la frontière de 1870 comme frontière politique et militaire. La France obtient finalement la « Garde du Rhin » pendant une durée de 15 ans. Au-delà de cette période, la démilitarisation de le Rhénanie nous laisse, en cas de crise, la possibilité de courir au Rhin pour couvrir notre frontière politique. Ce traité ne nous favorise que si nous nous tenons prêts à agir dès les premières heures d’un conflit. La France a, certes, la possibilité de porter d’emblée la guerre en territoire ennemi, mais à condition, dès le temps de paix, de posséder une armée d’opération équipée pour une action immédiate et rapide, derrière laquelle s’effectueront la mobilisation et la concentration de l’ensemble de nos forces.
I – 2.2 La division du Conseil Supérieur de la Guerre
Le Haut Commandement retrouve son organisation du temps de paix en octobre 1919. Le Conseil Supérieur de la Guerre et l’Etat-Major de l’Armée sont reconstitués par décret en janvier 1920. Le Maréchal PETAIN, Commandant en Chef désigné des armées en temps de guerre, prend en temps de paix le titre de Vice-Président du Conseil Supérieur de la Guerre. Le Général BUAT, ancien major général de PETAIN au Grand Quartier Général, est nommé à la tête de l’Etat Major de l’Armée. L’étude de l’organisation défensive des frontières est reprise par le Conseil Supérieur de la Guerre qui se divise profondément et durablement sur ce problème. PETAIN y développe des conceptions nettement défensives que FOCH s’efforce de contrer. Ce dernier défend à présent la « Course au Rhin », unique façon d’ancrer à ses yeux la réflexion stratégique sur le terrain de l’offensive. A l’inverse, PETAIN qui avait, comme chef du Grand Quartier Général, soutenu la « Course au Rhin », tend comme Vice-Président du Conseil Supérieur de la Guerre à y renoncer pour insister surtout sur l’inviolabilité du territoire et son corollaire : la continuité de l’organisation défensive de la frontière. La fortification de cette dernière devient par suite une des premières exigences de la défense nationale. L’opposition entre les deux conceptions s’avère irréductible et aboutit au blocage de la discussion au sein du Conseil Supérieur de la Guerre.
I – 2.3 La création de la Commission de Défense du Territoire
Pour mettre fin aux discussions qui s’éternisent, le ministre de la guerre André Maginot décide de réunir le Conseil Supérieur de la Guerre en réunion plénière le 22 Mai 1922. La séance est présidée par André MILLERAND, Président de la République. Le Maréchal PETAIN, pour trancher le débat pose en début de séance la question suivante : « doit-on, pour assurer l’inviolabilité du territoire, uniquement compter sur les armées et leurs possibilités de porter la guerre en territoire ennemi, ou faut-il entreprendre dès le temps de paix des organisation défensives ? » Le Maréchal JOFFRE tient une position médiane entre PETAIN et FOCH ; il est d’accord avec PETAIN pour admettre la nécessité de l’organisation défensive des frontières, mais il en critique comme FOCH la finalité en s’élevant contre l’édification d’un rempart continu. L’ensemble du Conseil accepte finalement de mettre à l’étude l’organisation défensive du territoire national et André MAGINOT institue le 26 Mai 1922 « la commission chargée des études d’organisation de la défense du territoire ».
L’abandon successif de la « Garde », puis de la « Course » au Rhin a conduit logiquement les responsables politiques et militaires à envisager le problème sous un angle défensif. Sous ce rapport, le système de fortifications qui en est résulté, est un substitut de béton et d’acier à la ligne stratégique du Rhin.
II. LA CONCEPTION : 1922 – 1929
A partir de 1922 le Conseil Supérieur de la Guerre ne dispose plus de l’initiative directe en matière d’organisation défensive du territoire. Plusieurs commissions traitent successivement de la question. De 1922 à 1923 la Commission de Défense du Territoire établit les principes de base de la future organisation fortifiée. La Commission de Défense des Frontières prend le relais en décembre 1925, et jusqu’en 1927 étudie le tracé des Régions Fortifiées et fixe les formes techniques générales de la fortification. A partir de 1927 la Commission d’Organisation des Régions Fortifiées se charge, jusqu’en 1935, de l’exécution du projet de la Commission de Défense. L’année 1929 voit l’ouverture des premiers chantiers qui se poursuivent jusqu’en 1936.
II-1 La définition des principes de base de la fortification moderne Mai 1922 – Décembre 1925
La Commission de Défense du Territoire déploie son activité de mai 1922 à mars 1923. D’abord présidée par JOFFRE, qui démissionne en juillet 1922, elle poursuit ses travaux sous l’autorité du Général GUILLAUMAT. Ses membres sont issus pour la plupart du Conseil Supérieur de la Guerre ; ils perpétuent les divisions qui les animaient alors, à telle enseigne que le Ministre de la Guerre est saisi de deux rapports concurrents : celui de la Commission, présenté par GUILLAUMAT, et un rapport séparé établi par BUAT.
II – 1.1 Muraille de France ou régions fortifiées ?
Deux conceptions s’affrontent. Celle du Général GUILLAUMAT, soutenu par la majorité des membres de la Commission, et celle du Chef d’Etat Major Général de l’Armée, le Général BUAT, qui a l’oreille du Maréchal PETAIN. Les premiers ont des idées proches de celles de FOCH. Ils cherchent à fonder une stratégie basée sur le mouvement. La défense à leurs yeux ne peut être assurée que par la manœuvre des armées. Ils dénoncent le caractère contradictoire d’un plan de défense qui prévoit à la fois de porter la guerre en territoire ennemi et de garantir de façon absolue l’inviolabilité du territoire. Ils mettent l’accent sur la discontinuité de l’organisation fortifiée et préconisent l’emploi de la fortification permanente de forme puissante appliquée à des parties bien déterminées de la frontière. Dans leur optique, la mission de la position fortifiée est moins de sanctuariser le territoire que de faciliter la manœuvre des armées.
A l’inverse, les seconds insistent avec le Maréchal PETAIN sur la nécessité d’assurer l’inviolabilité totale de la frontière. Leur objectif est de préparer la bataille défensive que le pays pourrait être amené à livrer le long des frontières. Ils érigent au rang de principe la continuité de l’organisation défensive, édifiée partie en fortification permanente, partie en fortification de formes plus légères, semi-permanente ou de campagne. Ligne continue ou discontinue ? Fortification permanente puissante concentrée sur certaines parties de la frontière ou fortification semi-permanente ou de campagne continue ? Gros ouvrages modernes d’artillerie ou fortification plus légère à base de petits ouvrages d’infanterie ? Le débat n’a, en fait, jamais été clairement tranché et les deux tendances coexisteront jusqu’au moment de l’attaque allemande qui surprendra des chantiers en cours le 10 mai 1940. Leur combinaison se traduira sur le terrain par une fortification « mixte » où des régions puissamment fortifiées selon les principes de la Commission de Défense alterneront avec des fronts traités en fortification plus légère, l’ensemble tendant à former un rempart continu, mais hétérogène. Les membres de la Commission s’accordent sur trois points :
- l’abandon du modèle de l’ancienne place forte isolée, sauf en haute montagne ;
- l’implantation d’un système de Régions Fortifiées traitées en fortification permanente aux points essentiels de la frontière ;
- l’absence de fortification à la frontière du Nord (de l’Ouest de la Meuse au littoral).
II – 1.2 La notion de région fortifiée
Le profil linéaire de la Région Fortifiée moderne résulte du développement en ligne droite du périmètre circulaire de l’ancienne place forte. Elle présente un tracé curviligne avec un front solide adossé à des flancs suffisamment profonds pour éviter un débordement facile par l’intervalle. Pour qu’elle tienne en cas de débordement momentané, il est nécessaire que le ravitaillement par l’intérieur du pays puisse être maintenu, ce qui implique qu’elle ait un développement frontal au moins égal au double de la portée du canon adverse, soit 60 km environ.
La localisation et le nombre des Régions Fortifiées dépendent de critères à la fois militaires, économiques et politiques. Le coût et les servitudes de la fortification permanente imposent d’en réserver l’emploi à certaines parties de la frontière et de limiter le nombre des Régions Fortifiées.
Le cas de la frontière du Nord : La Commission n’avait pas prévu de fortifier la frontière du nord. Comment, en effet, concevoir une fortification derrière la Belgique alliée ? L’alliance militaire contractée avec la Belgique et le Luxembourg commande de considérer notre frontière militaire comme confondue avec les frontières orientales de ces deux pays. Même si la Belgique retourne à la neutralité, la défense de notre frontière ne pourrait se faire qu’à l’avant, en territoire belge, car le tracé de la frontière du Nord rend sa défense aléatoire.
Pour la frontière du Nord-Est, la commission tient compte des principaux couloirs d’invasion et de la valeur stratégique des objectifs auxquels ils conduisent. L’ennemi peut se présenter par la vallée de la Moselle, ou par la rive droite, ou à cheval sur les deux rives, après avoir envahi le Luxembourg. Cette dernière hypothèse est la plus redoutable, car elle lui accorde de grandes facilités de manœuvres qui lui laissent la possibilité de mettre la main sur l’important bassin industriel de Thionville-Longwy. Il peut également déboucher par le plateau lorrain, comme en 1870. Une autre direction, très sensible, est celle d’une action par la plaine de la rive gauche du Rhin, où une avancée de 20km couperait les voies de communication vitales avec l’Alsace. Reste enfin la trouée de Belfort, moins dangereuse que les précédentes, car nous y disposons sur l’assaillant d’une notable supériorité ferroviaire.
La Commission de Défense du Territoire en déduit la création de trois Régions Fortifiées le long de la frontière franco-allemande : celles de Metz, de la Lauter et de Belfort. Ces Régions n’ont pas seulement une mission de barrage, mais elles jouent également un rôle dans un grand nombre d’hypothèses stratégiques.
Sur la frontière italienne la Commission envisage la construction d’un système défensif alpin.
Le rôle de la Région fortifiée de Metz :
La Région Fortifiée de Metz satisfait à deux objectifs dans sa fonction de barrage : elle couvre, d’une part, les vallées sidérurgiques de la Fensch, de l’Orne et le Bassin de Briey-Longwy, et protège, d’autre part, le réseau des voies ferrées de concentrations particulièrement nombreuses. Sur le plan des opérations, elle favorise dans la couloir entre Metz et les Vosges l’action offensive ou défensive de nos forces, en protégeant leur flanc gauche contre une attaque débordante par l’Ouest de la Moselle. En cas de violation étendu de la Belgique, elle couvre l’échange des forces entre les armées de l’Est et celles du Nord et forme pour ces dernières la charnière de leur mouvement de conversion à droite.
II – 1.3 La fin de la Commission de Défense du territoire
Les divergences de vues entre le Président de la Commission et le Chef d’Etat Major Général de l’Armée amènent la Ministre de la Guerre à différer son arbitrage. La question de l’organisation défensive des frontière passe d’ailleurs au second plan, à un moment où se concrétise, en janvier 1923, la politique de fermeté de POINCARE avec l’occupation de la RUHR. Après l’arrivée au pouvoir du Cartel des Gauches en 1924, la nouvelle politique de rapprochement avec l’Allemagne menée par BRIAND et consacrée par les accords de Locarno en octobre 1925 provoque, sous l’impulsion de PAINLEVE, le nouveau Ministre de la guerre, le reprise de l’étude du problème. En décembre 1925, le Conseil Supérieur de la Guerre approuve le système des Régions Fortifiées proposé par la Commission de Défense du Territoire. Painlevé décide, le 31 décembre 1925, d’en confier l’étude concrète à une nouvelle Commission, la Commission de Frontières.
II – 2 Les études de la Commission de Défense des Frontières Décembre 1925 – Octobre 1927
GUILLAUMAT est maintenu à la tête de la nouvelle Commission au sein de laquelle le Général DEBENEY, successeur de BUAT décédé en 1923, fait son entrée. Contrairement à son prédécesseur, le nouveau Chef d’Etat Major a, en matière d’organisation défensive, des idées proches de celles de GUILLAUMAT. C’est lui qui a en 1924, avec PAINLEVE, réouvert le dossier de l’organisation défensive des frontières et appuyé au sein du Conseil Supérieur de la Guerre les propositions de la Commission de Défense du Territoire. Aussi, dès novembre 1926, la Commission de Défense des Frontières est – elle en mesure de remettre un rapport complet sur l’organisation défensive des frontières du Nord – Est et du Sud – Est au Ministre de la Guerre. Ses propositions relatives au tracé des Régions Fortifiées ne soulèvent pas d’objection majeure dans les rangs du Conseil Supérieur de la Guerre. En revanche la discussion sur les formes techniques est plus âpre. Finalement, sous l’influence de PETAIN, qui avait dans un premier temps combattu les thèses de la Commission, puis s’en était rapproché à la suite des sorties qu’il avait effectuées sur le terrain durant l’été 1927, une solution de compromis est dégagée par le Conseil Supérieur de la Guerre. Elle permet au Ministre d’arrêter en décembre 1927 un programme d’organisation défensive pour la frontière du Nord – Est.
Le rapport de la CDF : Le rapport du 6 novembre 1926 de la Commission de Défense des Frontières définit clairement la finalité de l’ensemble des trois Régions Fortifiées du Nord – Est : « obliger l’ennemi à des attaques de forme générale frontale ; s’il s’étend aux ailes en profitant de la supériorité numérique de sa population, amener la Belgique et la Suisse à entrer dans le conflit à nos côtés ; protéger notre concentration ; économiser nos forces sur de larges espaces au profit des grandes attaques ou contre – attaques ; favoriser la conduite de toute bataille à proximité de la frontière. » L’implantation et l’extension des Régions Fortifiées du Nord – Est répondent directement à ces objectifs.
Le tracé des régions fortifiées : La pièce maîtresse du système, la Région fortifiée de Metz s’étend dans son tracé définitif de Longuyon, en deçà de la frontière belgo – luxembourgeoise, à Téting sur Nied près de Faulquemont. La ligne des ouvrages passe derrière les centres sidérurgiques de Longwy, Villerupt et Audun-le-Tiche, trop rapprochés de la frontière pour pouvoir être défendus efficacement. Elle englobe les plateaux d’Aumetz et d’Angevillers, coupe la falaise de la Moselle en avant d’ Entrange, épouse le saillant de la forêt de Cattenom pour franchir la Moselle à Koenigsmaker. Dans sa partie orientale elle suit les crètes boisées de la rive droite de la Canner qui culminent au Hackenberg, traverse la Nied à Gomelange, court le long du plateau de Boucheporn, qui domine la forêt de Saint–Avold, pour se terminer au contact de la zone des étangs. Dans cette partie, située dans l’intervalle des Régions Fortifiées de Metz et de la Lauter,on prévoit un système d’inondations défensives.
La Région Fortifiée de la Lauter se présente sous la forme de deux tronçons adossés aux flancs occidentaux et orientaux des basses – Vosges, traitées en zone de destruction surveillée par une ligne de casemates isolées d’infanterie. A l’Ouest la position court de Wittring, sur la rive droite de la Sarre, à Bitche, en passant par Rohrbach. A l’Est le tracé relie Lembach à Fort – Louis sur le Rhin en franchissant la crête du Hochwald pour se rabattre sur la forêt de Haguenau selon une ligne jalonnée par Schoenenbourg, Aschbach et Hatten.
La Région Fortifiée de Belfort, classée en deuxième urgence dans le programme de 1927, ne fut jamais réalisée. En revanche le Rhin qui formait l’intervalle entre les Régions Fortifiées de la Lauter et de Belfort et pour lequel la Commission de Défense du Territoire n’avait prévu aucun aménagement, fut défendu par une triple ligne de casemates d’infanterie dont la première se situait sur la berge même du fleuve.
Les formes techniques de la fortification moderne : En octobre 1927, le Conseil Supérieur de la Guerre se prononce définitivement en faveur de la fortification permanente puissante et ultra-moderne. L’organisation des feux permanents est assurée par un dispositif linéaire d’ouvrage principaux et intermédiaires.
Les ouvrages principaux sont les véritables piliers du système. Espacés en principe de 5 à 6 km, ils fournissent des feux d’artillerie. Ceux – ci sont produits par des pièces à tir extra-rapide qui donnent des tirs flanquants et croisés pour battre les intervalles, les couloirs d’accès, et à l’avant, des feux frontaux destinés à gêner l’investissement du système.
Les ouvrages intermédiaires (petits ouvrages et casemates isolées de mitrailleuses) rétablissent la continuité des feux d’infanterie entre les ouvrages principaux. Occupée dès le temps de paix, dotée d’un armement organique ultra-moderne, effectivement commandée et donc constamment prête, la fortification permanente à base de gros ouvrages d’artillerie semble, en effet, le mieux convenir pour faire échouer une attaque brusquée. La Région Fortifiée doit tenir le laps de temps nécessaire à la mobilisation et à la concentration des armées, soit 7 jours au maximun. Au-delà elle se fond dans le dispositif des armées en campagne.
A l’inverse, le système des petits ouvrages d’infanterie non retenu par la Commission de Défense, aurait en raison de sa dispersion accrue, consommé plus d’effectifs. Son habitabilité médiocre aurait exigé de fréquentes relèves sans qu’il fût possible, vu le nombre de cadres disponibles, d’affecter un officier par ouvrage. De surcroît, il aurait offert une moindre résistance avec des épaisseurs de béton plus faibles et un armement moins performant, tout en étant vulnérable aux gaz de combat.
III – 1 L’exécution du projet de la Commission de Défense 1927 – 1931
III – 1.1 Le rôle de la Commiission d’organisation des régions fortifiées (CORF)
Contrairement aux commissions précédentes qui restaient soumises à la tutelle du Conseil Supérieur de la Guerre, la C.O.R.F. est placée, par souci d’efficacité, sous l’autorité directe du Ministre de la guerre. Présidée par l’inspecteur Général du Génie, le Général FILLONNEAU, auquel succède en 1929 le Général BELHAGUE, elle a un rôle essentiellement tactique. Il lui revient d’établir et d’arrêter les avants-projets d’organisation défensive de chaque tranche des Régions Fortifiées avant de les soumettre à l’approbation du Ministre. Elle fixe le tracé définitif de la position de résistance en déterminant le rôle et l’emplacement de chaque ouvrage. Elle oriente les travaux des délégations locales qui dressent les plans de masse et d’implantation des ouvrages avant de les transmettre au Ministre. Elle se charge également de préciser les caractéristiques techniques générales de l’armement et d’en déterminer l’emploi. Les études sont suffisamment avancées pour que le 17 janvier 1929, le Ministre de la Guerre puisse, après 10 ans d’atermoiements, arrêter le programme définitif d’organisation défensive des frontières du Nord-Est et du Sud-Est et le faire approuver par le Président du Conseil Raymond POINCARE. Le Ministre approuve successivement en juin, juillet et septembre 1923 les avant-projets des secteurs Moselle-Nied, Moselle-Rochonvillers, et Est-Nied de la Région Fortifiée de Metz.
III – 1.2 La loi de finance du 14 janvier 1930
L’heure de la réalisation avait sonné. Le Gouvernement, pour traduire ses intentions en acte, devait obtenir l’accord du Parlement, auquel il appartenait de voter les crédits. André MAGINOT, successeur de PAINLEVE, présenta le projet de loi lors des débats du 28 décembre 1929 à la Chambre des Députés. Le projet fut voté à main levée à une large majorité, et entériné par le Sénat. L’opinion publique avait hâte de voir sortir de terre le nouveau système défensif pour sentir le pays protégé. La loi de finances du 14 janvier 1930 ouvrait un crédit de 2,9 milliards de francs à engager sur les exercices successifs de 1930 à 1934. Ce fut ainsi que, l’ancien sergent, héros de la Guerre 14-18, devenu député, puis ministre, en attachant son nom à la plus puissante organisation fortifiée jamais construite en Europe, passa à la postérité. Les crédits alloués ne pouvaient, sur un devis estimatif global de près de 9 milliards, que servir à la mise en œuvre des travaux de première urgence. La moitié de la somme fut consacrée à l’organisation défensive de la Lorraine, clef de voûte du système fortifié du Nord-Est. Il apparut nécessaire de distinguer au sein même de la première urgence, entre un premier cycle de travaux qui absorberait les crédits de la loi du 14 janvier, et un second cycle qui exigerait le déblocage de crédits supplémentaire. Les travaux inscrits en deuxième et a fortiori en troisième urgence se trouvaient ainsi renvoyés aux calendes grecques.
III – 2 La construction : 1929 – 1936
Pour lancer dans les délais impartis le programme des travaux et fabrications, le Ministre de la Guerre institue, en février 1930, la « Commission supérieure des travaux de fortification » et la « Commission des marchés de fortification », chargées de contrôler la régularité administrative des travaux. Les chantiers s’ouvrent en 1930. En fait le premier, en 1928, concernait l’ouvrage de RIMPLAS dans le secteur Fortifié des Alpes Maritimes.
En 1933 le gros œuvre des forts est achevé et en 1935 se termine l’aménagement intérieur. La C.O.R.F. Étudie à partir de 1932 un projet d’extension des positions initiales, les « nouveaux fronts ». Ces derniers, moins puissants que les « anciens fronts », ne comportent que des ouvrages d’infanterie, hormis deux tourelles de 75 dans le Secteur Fortifié de Montmedy. Une nouvelle loi de finances en date du 6 juillet 1934 permet d’éponger les dépassements de crédits des « anciens fronts » et de réaliser les travaux des « nouveaux fronts ». On amorce ainsi à la suite des pressions émanant des milieux parlementaires et politiques, la fortification du Nord avec la création des Secteurs Fortifiés de l’Escaut et de Maubeuge ; on fortifie la tête de pont de Montmedy et l’on prolonge le front occidental de la Région Fortifiée de la Lauter, de Rohrbach à Wittring.
Le bilan de ces 7 années de travaux est impressionnant :
- 55 gros ouvrages d’artillerie sont construits, dont 23 dans le Sud-Est. La fortification alpine, très puissante, abritait ainsi près de la moitié des pièces d’artillerie de toute la ligne.
- La masse de béton coulé s’élève à 1,5 millions de m3, volume comparable aux trois quarts de celui de la grande pyramide égyptienne ou au béton nécessaire à la construction de deux centrales nucléaires du type de Cattenom ;
- les 152 tourelles et les 1 536 cloches blindées représentes en acier un poids six fois supérieur à celui de la Tour Eiffel.
- L’ensemble de la fortification permanente y compris celle du Sud-Est a coûté 5 milliards de francs de l’époque.
III – 3 Vers la ligne continue 1935 – 1940
A partir de 1933 l’environnement international s’assombrit avec l’accession d’Hitler au pouvoir en Allemagne. Celle-ci quitte la S.D.N. en octobre, récupère la Sarre en 1935 et réoccupe la Rhénanie en 1936. Face à la montée des périls extérieurs, DALADIER, Ministre de la Guerre, et GAMELIN, Chef d’Etat Major Général de l’Armée, envisagent de compléter le système permanent discontinu, mis en place par la C.O.R.F. Cette dernière est dissoute en 1935 et laisse le champ libre aux partisans de la fortification continue. On renonce aux fortifications puissantes précédentes pour une organisation de type semi-permanent, de forme plus légère à base de petits blockaus isolés d’infanterie, peu résistants et de conception des plus sommaires. A l’inverse des fronts permanents réalisés par les entreprises civiles, l’exécution des fronts semi-permanents incombe à la main d’œuvre militaire (M.O.M). Toutes les frontières sont touchées. On fortifie la trouée de la Sarre, le plateau de Marville, la trouée de Belfort, le jura ; et la frontière du Nord. On implante même ce type de fortification entre les ouvrages permanents des fronts C.O.R.F. Cette évolution aberrante en regard des principes posés par la Commission de Défense, devait inévitablement conduire sur le plan stratégique à la stricte défensive. Le Général MAURIN, Ministre de la Guerre dans le Cabinet FLANDIN, ne déclarait-il pas le 3 mars 1935 : « Comment peut-on croire que nous songeons encore à l’offensive, quand nous avons dépensé des milliards pour établir une barrière fortifiée ? Serions-nous assez fous pour aller en avant de cette barrière, à je ne sais quelle aventure ? ».
IV – LE DESTIN : 1940
Avant la déclaration de la guerre, la ligne Maginot a servi à trois reprises en facilitant les mobilisations partielles lors de crises internationales ( septembre 1938 : Munich ; mars, avril 1939 : invasion de la Tchécoslovaquie et de l’Albanie).
Le 10 mai 1940 marque le début de l’offensive ennemie à l’Ouest. Renonçant à attaquer de front la Ligne Maginot, le gros de l’Armée allemande, après avoir envahi la Belgique et le Luxembourg, franchit les Ardennes et perce les défenses françaises dans la région de Sedan le 13 mai. La brèche est faite à l’endroit le plus faible de notre dispositif, à la charnière du groupe d’Armée du Nord, c’est-à-dire du corps de bataille chargé de la manœuvre, et du groupe d’Armées de l’Est qui tient la position fortifiée.
La Ligne Maginot du 13 mai à l’Armistice du 25 juin : La Ligne Maginot, sans constituer le théâtre principal des opérations, est l’objet d’attaques diverses. Elle sortira invaincue et pratiquement intacte de la Campagne de 40, hormis certains Petits Ouvrages et casemates isolées d’infanterie qui ne bénéficiaient pas de la couverture de l’artillerie des Gros Ouvrages.
Ainsi à l’extrémité occidentale du Secteur Fortifié de Montmedy, isolé sur un mamelon dominant la Chiers et à limite de portée de la tourelle de 75 du Chesnois, le Petit Ouvrage de la Ferté est attaqué le 16 mai. Il tombe le 19 mai après avoir sacrifié tout son équipage, une centaine d’homme décimé par l’asphyxie au fond de la galerie qui relie les deux blocs de l’ouvrage.
Après l’échec des tentatives d’arrêt de l’offensive allemande sur la Somme et l’Aisne, le 19ème Panzerkorps du Général GUDERIAN fonce en direction de la frontière franco-suisse pour encercler le groupe d’armée de l’Est. Avec le décrochement des troupes d’intervalles le 13 juin, l’ennemi entrevoit l’investissement de la Ligne Maginot. Les équipages des ouvrages ont l’ordre de tenir jusqu’au 17 juin pour couvrir la retraite des intervalles. L’ennemi pour hâter la chute du bastion du Nord-Est attaque les 14 et 15 juin dans la trouée de la Sarre et sur le Rhin à Neuf-Brisach, deux points parmi les plus faibles du dispositif fortifié. En dépit de son échec initial dans la Sarre, il réussit la percée. Aussi dès le 20 juin, est-il en mesure d’investir les arrières des Secteurs Fortifiés de Faulquemont, de la Sarre et de Rohrbach. Les petits ouvrages du Bambesch, du Kerfent, du Haut Poirier et du Welschoff vont succomber. Les deux premiers font partie du secteur Est-Nied, pour lequel les réductions de programme entraînèrent le rejet en 2éme cycle de tous les organes d’artillerie. Les deux autres appartiennent aux « nouveaux fronts » dépourvus d’artillerie cuirassée.
Le schéma d’attaque décrit par le Général Vaillant (C.R.), ancien commandant du petit ouvrage de l’Einseling et qui observera la chute du Bambesch, fut partout le même : parvenu sur les arrières des ouvrages, l’ennemi disposait, en l’absence des troupes d’intervalles, de bases de départ tout aménagées. Il put facilement embosser à faible distance des ouvrages et dans des angles morts, des pièces anti-chars et anti-aériennes à forte vitesse initiale, capables de percer les blindages. Ces dernières prirent impunément à partie les œuvres vives des ouvrages, les cloches de guetteur en particulier. Suivait l’assaut des sapeurs qui plaçaient des charges explosives et des fumigènes dans les brèches, avec comme seule alternative pour les défenseurs, de se rendre ou de périr asphyxiés.
Partout ailleurs comme à Fermont, au Hackenberg, au Michelsberg et surtout au Hochwald et au Schoenenbourg où l’ennemi employa de gros moyens (bombes de 1 000kg – obus de 420 mm), il se heurta à l’artillerie des gros ouvrages et toutes ses attaques échouèrent.
La fortification victorieuse : Dans le Sud-Est, les italiens déclarent la guerre le 10 juin et passent à l’attaque le 20. La fortification alpine sort de l’épreuve pratiquement inviolée ayant pleinement accompli sa mission d’arrêt avec un minimum d’effectifs. La position de résistance n’est nulle part entamé ; seuls quelques avant-postes ont été débordés.
La fin des combats : Après le cessez-le-feu du 25 juin, les équipages qui continuent de tenir à l’intérieur des ouvrages voient leur sort réglé par la commission d’armistice de Wiesbaden. Une mission composée d’officiers de liaison français quitte Montauban le 27 juin pour se rendre à Wiesbaden. Ils sont chargés de négocier la reddition des ouvrages. Les Allemands refusent de respecter la tradition qui veut que les défenseurs d’une forteresse invaincue échappe à la captivité comme ce fut le cas des vaillants défenseurs de la citadelle de Bitche après le siège de 1870. L’ordre de reddition est finalement transmis à chaque commandant d’ouvrage par les officiers de liaison et 22 000 hommes des troupes de forteresse prennent le chemin de la captivité entre le 30 juin et le 4 juillet. Parmi ces derniers, il convient d’évoquer plus particulièrement le sort des « disponibles » qui effectuèrent leurs deux années de service militaire à partir de 1936, furent rappelés pour réoccuper les ouvrages lors des alertes successives de 1938 et 1939, vécurent la campagne de 39-40, puis subirent plus de quatre années de captivité soit au total neuf années passées au service de la patrie.
La ligne MAGINOT du Nord-Est a-t-elle servi à quelque chose ? Question inévitable en la matière … L’opinion couramment répandue est qu’elle n’a servi à rien puisque l’ennemi est passé à côté … Elle aurait dû être prolongée jusqu’à la mer…
Comment mettre en doute cette logique toute empreinte de bon sens et apparemment implacable, sans lui opposer, celle non moins rigoureuse des plus hautes autorités militaires, résumée dans la déclaration du Maréchal PETAIN du 4 juin 1928 devant devant le Conseil Supérieur de la Défense Nationale : « Si on jette maintenant un regard d’ensemble sur le système fortifié du Nord-Est, on reconnaît que ce système est d’une continuité à peu près complète. Il présente l’aspect d’un vaste d’Alsace et de Lorraine. Si l’ennemi arrive à forcer les organisations fortifiées, il tombe sur l’ancien système défensif jalonné par Belfort – Epinal – Toul – Verdun, dont nous pouvons encore tirer parti. Des opérations menées dans ces conditions seraient extrêmement difficiles et coûteuses pour l’Allemagne. Plutôt que d’aborder de front le bastion d’Alsace et de Lorraine, les Allemands chercheront à le déborder pour utiliser la supériorité numérique de leur population : la question d’une manœuvre d’aile par la Belgique ou la Suisse se posera donc pour eux à nouveau. Question singulièrement grave, puisque la décision affirmative a pour conséquence de nouer immanquablement contre eux la coalition française, britannique et belge ».
La Ligne Maginot, indépendamment de sa fonction de couverture de la mobilisation et de la concentration, a donc parfaitement joué son rôle qui était de dissuader l’ennemi de l’attaquer de vive force, en le condamnant à une manoeuvre de contournement…